« L’emploi et la famille »
En cette journée de la grève des femmes en Suisse, j’observe, impuissant, les derniers chiffres sur les inégalités de traitement entre les hommes et les femmes au niveau de la représentation professionnelle, des salaires, du travail non-rémunéré, des rentes et finalement de la conciliation emploi-famille.
Il est, ma foi, trop évident que l’implication gouvernementale pour changer de telles inégalités systémiques est condamnée à avancer au rythme lent et parfois vain de l’appareil législatif.
Le travail est une partie essentielle de notre identité. Il offre un sentiment de valeur et de compétence qui participe au bien-être de la société. Donc comment faire ? Comment proposer des améliorations significatives et tangibles ? Mon regard se tourne vers les entreprises. Leur responsabilité est grande dans le changement et le progrès pour les femmes et pour la société.
Les entreprises ont le devoir d’agir en pionnières et de briser un système qui, au mieux ignore les discriminations, et au pire consolide un statu quo inégalitaire ancestral.
On entend souvent les employeurs revendiquer : « notre entreprise, c’est comme une grande famille ». Ainsi, en ce jour de la grève des femmes 2023 (!), je souhaite que les entreprises décident – sans attendre l’injonction de l’état ou d’un organisme de régulation – d’agir de façon pro-active et pragmatique sur une politique familiale au sens large afin de favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes et la prospérité collective.
Si ces dernières ne savent pas par où commencer, voici quelques idées en vrac :
- Reconnaître les disparités salariales et y remédier
- Examiner les systèmes de recrutement, de formation, d’évaluation et de promotion pour briser le plafond de verre
- Proposer un congé parental flexible qui permette aux femmes et aux hommes de concilier leurs responsabilités familiales et leur carrière professionnelle,
- Mettre en place des programmes de mentorat et de développement professionnel spécifiquement destinés aux femmes, afin de les aider à progresser dans leur carrière,
- Offrir de la flexibilité, dans la mesure du possible, afin de contribuer à une conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle pour les deux sexes (horaires de travail flexibles, possibilité de travail à distance, aménagements d’emploi du temps),
- Encourager le temps partiel des hommes, proposer des postes en job-sharing à tous les niveaux de l’entreprise.
Ces efforts permettront, d’égaliser la présence parentale au sein de la famille et une vraie avancée pour la représentation des femmes dans les postes à responsabilités. Ils contribueront à la mise en œuvre d’un paradigme plus égalitaire dans le monde du travail et plus loin…
Car les entreprises ont le pouvoir de remodeler les normes sociales et de transformer les inégalités en opportunités. Les entreprises peuvent innover en agissant sur le fait que l’inégalité des genres et l’inégalité des chances ne sont pas seulement des problèmes individuels, mais des enjeux systémiques. En s’engageant activement à créer des cultures d’entreprise inclusives, elles peuvent devenir des piliers de justice sociale.
Il est temps que les entreprises assument pleinement leur responsabilité et jouent un rôle clé dans la construction d’un monde où l’égalité, le respect et la considération de l’autre, homme comme femme, sont les principes fondamentaux de la « famille », de l’entreprise et de la société.
Aurélien Joly
Fondation EQUAL-SALARY
